Une fois n’est pas coutume, cette semaine on va s’intéresser à un véhicule qui appartient au passé automobile. Ainsi, dans le cadre de cet article, notre attention sera fixée sur la Volkswagen Phaeton. Ce modèle avait une particularité et une signification particulière, car il s’agissait de la proposition la plus luxueuse qui soit de la part du constructeur allemand.
Pour te situer concrètement, la Phaeton était à placer au même niveau que l’Audi A8 (dont elle partageait la même plateforme), la Mercedes Classe S et la BMW Série 7. Clairement, l’objectif était de faire monter en gamme la marque Volkswagen, au même niveau que ses concurrents allemands. Après tout, ils avaient réussi à le faire avec Audi, donc pourquoi ne pas tenter le coup une seconde fois ?
Il faut savoir que la Volkswagen Phaeton a eu une durée de vie relativement longue. Présentée au Salon de Genève en 2002, elle sort la même année et sera proposé durant 14 ans consécutifs, jusqu’en 2016. La voiture aura connu 3 restylages afin de tenir dans la durée. Mais la Phaeton, c’est loin d’être une berline de luxe comme les autres. On va le voir dans cet article, le modèle a tout poussé dans ses retranchements afin de surprendre le public le plus possible.
Les caractéristiques de ce véhicule
La Volkswagen Phaeton était donc une berline de luxe. Elle était assez lourde (elle pesait jusqu’à 2,6 tonnes), donc il fallait des moteurs assez gros permettant de déplacer ce mini tank. On avait donc des propositions qui plairaient aux passionnées pures et dures d’automobile : Un V6 essence de 241 chevaux, un V8 de 335 chevaux ou encore un W12 de 450 chevaux. Ce dernier moteur a une architecture semblable aux moteurs que l’on trouvait sous les capots des Bugatti, avec 4 cylindres en moins. A l’époque, Volkswagen avait également proposé une Passat avec un W10. Mais ne vous leurrez pas : Ces véhicules sont tellement lourds que le moteur ne lui donnait pas un comportement purement sportif.
En diesel, on avait un V6 de 233 chevaux, remplacé par un V6 de 225 chevaux en 2007. Jusque-là, un V10 de 313 chevaux était disponible mais a disparu dès 2006. Sa fiabilité non existante lui a coûté la vie. Evidemment, de par la lourdeur des véhicules, il ne fallait pas être étonné de la consommation qui était souvent supérieur à 10 litres au 100.

Non, ce n’est pas l’intérieur de la Passat, mais bien de celui de la Phaeton, à plus de 100 000€…
Cela ne s’arrêtait pas là. Le véhicule avait un cahier des charges lourd, conséquence d’un directeur de l’époque (Ferdinand Piëch) qui voyait les choses en très grand. Il voulait alors une voiture capable de rouler en régime permanent à 300 km/h sans avoir de vibration en dessous du capot. Ceci même si la température extérieure atteignait les 50°C.
Dans ces conditions-là, et en toutes circonstances, la climatisation devait être capable de maintenir une température intérieure à 22°C. Enfin, Piëch voulait que la vitesse maximale soit limitée électroniquement à 250 km/h. La voiture était quand même capable de dépasser ce seuil. Clairement, le but était d’impressionner sur le papier.
Dans la réalité des ventes
Evidemment, les ventes n’étaient pas au beau fixe, et ce pour plusieurs raisons. Il faut savoir que la Volkswagen Phaeton était vendu au prix de 100 000€, donc pareil que ses concurrentes. A choisir, les clients visées préféreront opter pour les concurrentes allemandes. Le problème de la Volkswagen Phaeton, c’est qu’elle fait penser à une Passat plus allongée.
Globalement, le dessin n’est pas très réussi. On a l’impression d’avoir une baleine plus qu’autre chose. Puis, autant le dire, les clients qui souhaient du luxe ne vont pas prendre « la voiture du peuple », tout simplement. Rien que le nom du constructeur l’empêche d’atteindre une certaine niche. D’ailleurs, la Volkswagen Phaeton faisait perdre de l’argent au groupe.

Même en tant que berline de luxe, Volkswagen arrive à nous sortir une voiture d’une banalité affligeante…
L’objectif n’était pas là, mais de prouver au monde ce que Volkswagen était capable de faire. Est-ce étonnant, en même temps ? Le savoir-faire était déjà disponible avec Bentley et Audi avec son A8. Il suffisait de répliquer ça sur Volkswagen, et le tour était joué. Par la suite, Ferdinand Piëch se calmera et se contentera de Bugatti pour prouver au monde ce dont il est capable. Ça tombe bien, les Bugatti sont vendus plus de 2 millions d’euros, donc il ne perdait pas trop d’argent.
Une plateforme qui a largement bénéficié à Bentley
En attendant, la Volkswagen Phaeton n’a pas été inutile puisque la plateforme a également servi à Bentley, qui devait repartir de zéro suite au problème provoqué par les licences entre VAG et BMW, lors du partage de Rolls Royce et Bentley. Ainsi, le caprice de Volkswagen n’en était pas un finalement. Dans le sens où au niveau de la R&D, cela fut bénéfique à 3 modèles et non un seul.
La plateforme a été reprise à 100% pour la Continental, sortie en 2003 et la Flying Spur sortie deux ans plus tard. Quand on connait les exigences de Bentley pour peser dans le segment du luxe, on comprend mieux les contraintes type « 300 km/h sans aucune vibration sur le capot, par une température extérieure de 50 °C, avec une climatisation quatre zones devant permettre de maintenir une température de 22 °C sans buée« .
L’échec de la Volkswagen Phaeton a entraîné l’arrêt de la vente aux Etats-Unis. Le succès étant quand même un peu présent en Chine, Volkswagen ne démord pas et proposera au total 3 restylages jusqu’en 2016. Les ventes de la voiture sont anecdotiques, mais la proposition avait au moins le mérite d’exister.
Un arrêt inévitable, mais long
Une fois l’arrêt de la Phaeton actée en 2017, Volkswagen n’abandonne pas pour autant, et proposera une alternative en termes de « regardez ce que je sais faire ». Cette fois, on connait la suite puisqu’il s’agit de la Volkswagen Arteon, proposée depuis la même année mais qui ne se situe pas dans la même catégorie.
Cette fois, il s’agit d’une berline coupée dérivée de l’Audi A5 Sportback. Le but était de montrer, cette fois, que Volkswagen peut proposer des véhicules beaux. Evidemment, ce coupé 4 portes remplace la Passat CC, créée elle aussi pour faire monter en gamme l’image de Volkswagen. Au final, le succès de ce constructeur se limitera à la Golf, à la Passat, à ses SUV et à la Polo en Europe (notamment, bien sûr). Ce qui n’est pas mal, car dans ses catégories-là, Volkswagen est très reconnue !
Est-ce intéressant d’en acquérir un ?
La question que l’on pourrait se poser comme conclusion de cet article, puisque le véhicule est déjà disponible ; c’est de savoir s’il serait intéressant d’en acheter un. Sachant que la voiture était placée sur le segment du luxe, la réponse serait la même que si l’on se demandait si acheter une Mercedes Classe S serait intéressant.
D’ailleurs, concernant la Volkswagen Phaeton, c’est pire, car le prix de l’entretien est pharamineux. En effet, posséder d’aussi gros moteurs avec parfois 12 cylindres (et en position W, qui plus est) est une contrainte en termes d’entretien. La main d’œuvre corrélé au prix des pièces va forcément en prendre un coup.
Puis, les gros moteurs consomment énormément, même en diesel. N’oublions pas, durant les premières années, que le V10 diesel était une catastrophe en termes d’entretien. Ce n’est pas pour rien que cette motorisation a disparu de la gamme. Elle avait surtout des problèmes au niveau du turbo. Volkswagen le prenait en charge, mais visiblement, cela coûtait cher au point d’arrêter la proposition. C’est d’autant plus bête que, sans turbo, le V10 diesel était fiable. Comme quoi. Concernant les révisions, on est dans une fourchette de prix allant de 500 à 800€.
En occasion, la Volkswagen Phaeton coûte cher. Généralement, son prix est situé entre 13 000€ et 18 000€ pour une Phaeton bien entretenu. Si le kilométrage est très élevé et/ou l’entretien peu scrupuleux, on peut en trouver à 8000€ environ, mais à tes risques et périls !
L’historique de la voiture est primordial : Il faut exiger toutes les factures et voir chez qui elle a été entretenue. Normalement, elle doit l’être en concession Volkswagen. La disponibilité des pièces est un problème sur lequel tu peux tomber. Parfois, il faut attendre 3 semaines avant de récupérer le véhicule si tu as connu une panne peu fréquente. Cela ne concerne pas les injecteurs, souvent disponibles comme le problème est, lui, fréquent.
En clair
Si on devait résumer, la Volkswagen Phaeton est un véhicule que personne n’attendait, mais qui est tout de même arrivé car c’était le caprice de Ferdinand Piëch. On peut être en droit de se demander s’il a conduit au moins ce véhicule. Paix à son âme tout de même, puisqu’il nous a quitté l’an dernier.