Il faut que l’on soit clair à propos d’un sujet en particulier. Je ne comprends pas ce que Volkswagen, ou plus précisément Seat puisque c’est géré à partir de ce niveau; veut faire de Cupra. La branche sportive du constructeur espagnol est devenu indépendante, à l’origine pour cette raison. Depuis, il semblerait que Volkswagen ait décidé de concevoir la marque autrement. Elle aura finalement le droit à des motorisations hybrides voire électriques, même. Au final, elle devra aussi respecter un certain taux d’émissions de CO2.
Toujours est-il que Cupra est une marque qui se trouve entre deux chaises, au niveau de sa gamme. D’un côté, on a du Seat rebadgé, avec les Ateca et la Leon dont on va parler ici. D’un autre côté, on a quelques modèles inédits à commencer par le Formentor, qui reste sur une philosophie Seat. Visiblement, quand le modèle n’est disponible que chez Cupra, le véhicule propose également du diesel à 150 chevaux au cas où.
Une marque qui nous perd un peu
Au final, on ne comprend pas ce que Cupra souhaite être réellement. Est-ce que c’est la même chose que lorsqu’on avait des Seat Ibiza/Leon Cupra ? Ou bien la marque est amenée à se développer davantage, au point de devenir un constructeur généraliste à vocation sportive ? On sait que Volkswagen songerait à importer Cupra aux Etats Unis, même si à l’heure actuelle, rien n’est décidé. D’autres imaginent également la disparition de Seat, afin de laisser Cupra seule. Dans ce cas-là, cela annoncerait la disparition de modèles qui n’ont pas vocation à passer sous le giron de Cupra, à moins que là encore, le plan soit soumis à modification.
En tout cas, on va s’intéresser à la Cupra Leon, qui est donc la quatrième génération de la Seat Leon Cupra, qui passe dès lors sous le giron de la marque devenu indépendante 2 ans plus tôt. C’est cette compacte qui devait remplacer, en France, la Renault Mégane RS 3, mais la gendarmerie nationale en a décidé autrement. Officiellement, la raison est qu’ils préfèrent le savoir faire français. Ceci quand bien même la Cupra Leon et la Renault Mégane RS 4 sont voisines, puisq’elles sont construtes à Barcelone dans les deux cas. Après, l’ingénierie reste effectivement français concernant la compacte boostée de Renault.
Les motorisations disponibles
Est-ce que la Cupra Leon demeure intéressante ? Le problème de ce genre de sportives, c’est que de part sa destination au grand public, elle doit procéder à des changements au niveau de l’homologation. L’Union Européenne durcit les conditions à cause de la norme Euro 6.D Full qui entre en vigueur dès 2021. Ainsi, même les moteurs essence doivent disposer de FAP, car visiblement, on aurait découvert qu’eux aussi libèrent des particules fines, bien que moins nombreuses que le diesel. Ainsi, les voitures à vocation internationale ne tiennent pas trop compte de ces normes, mais pour une marque comme Cupra, implantée en Europe principalement, elle doit subir ces restrictions. Ceci ajouté au malus écologique qui ne permet pas des marges de manœuvre considérables.
Ainsi, la Cupra Leon propose plusieurs motorisations différentes. On a, d’une part, un 4 cylindres 2.0 TFSI développant 245 ou 300 chevaux. La version Sportstourer (break) aura même le droit à 310 chevaux pour compenser le poids supplémentaire. Mais ce n’est pas tout, car une version hybride rechargeable sera également de la partie. Cette fois, il s’agira d’une combinaison entre le moteur 1.4 TSI de 150 chevaux avec un électromoteur développant 115 chevaux. Cela correspond à une batterie lithium-ion d’une capacité de 13 kWh. La puissance cumulée sera alors de 245 chevaux. Enfin, afin de contenir le niveau de CO2 émis, toutes les motorisations sont accouplées à la boîte à double embrayage à 7 rapports.
L’extérieur de la voiture
On va parler de l’extérieur désormais. Pour commencer, je tiens à dire que pour avoir vu la Seat Leon 4 en vrai, je trouve que finalement, cet avant lui va très bien. Il en va donc de même pour la version Cupra. On reste dans la continuité de la génération précédente, avec toutefois une variation de la calandre qui grossit un peu, mais pas de manière exagéré. Le tout est bien mesuré. On voit bien que l’agressivité est ce qui prime sur ce design. Globalement, je n’ai pas trop de critique concernant l’extérieur, si ce n’est peut être l’arrière.
Après, Cupra ne se différencie pas esthétiquement de Seat, dont j’avais déjà parlé de la Leon 4 ici. Il ne s’agit que d’une reprise d’un modèle existant dont on appose le logo Cupra. Ce dernier est d’ailleurs un choix discutable, tant il me fait penser à un logo de jeu vidéo. C’est un logo qui ne me plaît pas réellement, pour tout avouer.
L’arrière de la Cupra Leon
Le bandeau arrière n’est pas moche en soit, mais j’ai vu sur la route un exemplaire qui ne les avait pas full LED. Je trouve ça dommage, car ça casse la volonté initiale de ce bandeau rouge qui traverse tout le coffre. Ainsi, pour que l’effet « woah » soit garanti, il faudra les prendre en full LED. Peut-être que c’est de série sur la Cupra Leon, je ne sais pas encore.
Concernant les éléments en cuivre, certains ont du mal avec. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une couleur utilisée habituellement, elle amène une touche originale au design. Les jantes en cuivre sont très sympa, et de mémoire, personne d’autre ne les proposent. Même la couleur de la carrosserie ici présente est sympa. Pourtant, je ne suis pas fan des couleurs habituels gris-noir-blanc, mais le gris façon cuivré, ici, rend bien sur la compacte.
Son intérieur, semblable à sa cousine Seat Leon
L’intérieur de la voiture ressemble quasiment à celle de la Seat Leon 4. C’est basique, mais il y a ce qu’il faut. On a tout de même le virtual cockpit, comme il est de coutume chez VAG. Il est sensiblement différent chez Cupra, mais on est plus ou moins sur la même cartographie que Seat. L’écran du milieu semble être réactif, ce qui est une bonne chose. Cependant, il y a trop d’options à gérer sur cette console centrale. Heureusement que pour changer de mode de conduite, on a un bouton prévu à cet effet sur la gauche du volant. On le voit bien d’ailleurs, puisqu’il possède le logo Cupra. Le bouton situé à droit du volant permet de démarrer.
Si tu disposes de la version hybride rechargeable, il faut gérer le mode d’énergie (électrique, thermique ou les deux) directement sur la console. Même s’il y a des raccourcis, devoir absolument tout gérer via cet écran n’est pas pratique d’un point de vue ergonomique, mais surtout au niveau de la sécurité. Il faudra tout gérer une fois à l’arrêt complet, et pas quand tu es au feu rouge.
Pour revenir sur l’intérieur, il est sympa bien que sombre. Et ce n’est pas les quelques éléments de cuivre par-ci par-là qui vont changer la donne. J’avais déjà fait ce reproche à la Seat Leon 4, donc il n’est pas étonnant de voir ce reproche renouvelé pour cette version Cupra.
Le ressenti de la conduite
Les modes de conduite sont au nombre de 4. En plus des modes que l’on connait habituellement (Eco, Sport, Confort), on a un mode Cupra qui change notamment la sonorité du moteur. La sonorité, parlons-en d’ailleurs ! Cupra a fait en sorte que cette sonorité sorte au niveau du tableau de bord, juste là où se trouve le pare-brise. Ainsi, le son qu’il émettra se diffusera au sein même de l’habitable. Ainsi, la sonorité raisonne. Problème, elle n’est pas très jolie à entendre. On se doute qu’on n’a pas un V8, mais ceux qui espéraient avoir un beau bruit de moteur seront vite déçus. Et encore, je ne parle pas de la version à hybridation rechargeable, où la sonorité est tout bonnement dégueulasse. En même temps, ce n’est pas un 1.4 TSI qui allait bien chanter, on s’entend bien.
Au niveau de la conduite, on peut se demander si la Cupra Leon a subi des modifications au niveau du châssis, afin de supporter le trop de puissance. Je ne pense pas. En effet, il se trouve que, concernant l’hybride rechargeable, lorsque tu accélères trop d’un coup, la répartition de la puissance a du mal à se faire. Si bien que l’avant de la voiture patine un peu, donnant l’impression qu’elle ne comprend pas ce qui lui arrive au départ. C’est dommage quand on se veut être une voiture sportive.
La Cupra Leon a-t-elle une véritable volonté sportive ?
C’est à se demander si la Cupra Leon ne veut pas être une compacte familiale à vocation sportive, et ceci change tout. En effet, j’ai vraiment du mal à imaginer les anciens clients de la Seat Leon Cupra de 2002 acheter cette nouvelle mouture. La philosophie n’est clairement pas la même. Au niveau du tuning, on peut imaginer que le logo de Cupra ainsi que les éléments cuivrés que l’on retrouve de temps à autre remplissent cet objectif. A minima, certes, mais tout de même.
Globalement, on sent clairement que la Cupra Leon 2020 ne s’adresse pas aux mêmes personnes que la Seat Leon Cupra des années 2000. Ils visent clairement un public ayant dans la quarantaine. Peut-être que le public visé est exactement ceux qui ont conduit les anciennes versions, et qui sont devenus père de famille ? Et qu’avec le temps, ils se sont assagis, mais qu’ils ne seraient pas contre une compacte un peu sur-vitaminé ?
Les jeunes adultes ne se sentiront peut-être pas concernés par cette proposition
Je sais que les normes européennes sont passés par là. Mais d’un côté, quand on voit que la Cupra Leon reste quand même sage pour une voiture sportive, on peut se poser des questions. La gamme de Cupra étant majoritairement composé de SUV, la question prend tout son sens. Je ne pense pas que par le biais de Cupra, Volkswagen veut viser les jeunes.
D’ailleurs, je suis certain que si tu présentes à une personne jeune cette Cupra Leon face à une Audi RS3, il préférera clairement le second choix. Oui, je sais que normalement, la Cupra Leon se compare à une Audi S3, mais même ici, le choix se portera sur les quatre anneaux.
De plus, pas de Cupra Ibiza prévu du fait que ce ne serait pas jugé rentable. Une Cupra Ateca est tout de même proposé. J’en ai vu une fois, durant l’été, et la personne qui la conduisait était une personne qui avait la quarantaine, voire la cinquantaine. D’ailleurs, il m’avait salué quand il a compris que j’avais repéré qu’il avait une Cupra.
En clair
La Cupra Leon est à voir comme une Volkswagen Golf 8 GTE pour sa version hybride rechargeable (d’ailleurs, ce sont les mêmes composants de moteurs, donc la même puissance). Ou sinon, comme une Audi S3 mais au comportement moins sportive. Ce n’est pas une mauvaise voiture, mais si je veux quelque chose de sportive à un budget raisonnable (et encore), je ne prendrai peut-être pas la Cupra Leon. Si je veux du sportif confort, peut-être. Le fait que les accélérations ne sont pas assumés par la voiture, qui en perd son train avant, est un gros frein pour ma part. C’est dommage que le châssis ne soit pas spécialement fait pour qu’une telle puissance soit supportée.
De toute manière, le vrai test concernant l’indépendance de la marque Cupra, c’était de voir ce qu’il en serait avec la Cupra Leon. Jusqu’alors, on n’avait que des SUV, donc forcément, ce n’était pas parlant. On verra bien ce que l’on aura au niveau des ventes. En tout cas, avec un prix de départ situé dans les 40 000€, on ne peut pas vraiment parler de sportive abordable. Ni même de compacte abordable. On ne connait que le prix de la version hybride rechargeable, qui est de 39 600€. Pour rappel, la Seat Leon Cupra démarrait au prix de 35 475€ lors de sa sortie. On sera probablement dans ces alentours, voire un peu plus cher puisque la variante 3 portes n’existe plus, de toute façon.