Qui pensait qu’une cinquième génération de Mégane 4 RS allait voir le jour ? Il était peu probable que cela arrive. Certains ont entretenu un quelconque espoir que ça allait se faire malgré tout. Malheureusement, ça ne risque pas d’arriver étant donné que plusieurs raisons entrent en jeu.
La plupart d’entre elles concernent les normes européennes. Elles deviennent si dures que les constructeurs qui vendent principalement en Europe n’ont pas le choix. Ils se voient obligés de faire des sacrifices.
Rajoutons que Renault compte sortir en amont la cinquième génération de la Mégane plus tôt que prévu. Cette fois, sous forme d’un SUV compact. Il est clair que la Renault Mégane RS telle qu’on l’a connu ne sera plus. Au pire des cas, elle serait électrique… Fort heureusement, les deux générations vont cohabiter. Cela permettra d’obtenir une date de fin à l’horizon 2023, pour la variante thermique. La version RS incluse, bien sûr.
Comment expliquer la disparition de la dernière véritable sportive française ? Plusieurs raisons amènent à cela, et on va les voir ensemble.
Le malus écologique empêche la bonne tenue des ventes
La Renault Mégane RS 4 rejette 181 g/km de CO2. Soit autant qu’un bête monospace de 2005, mais en 2020, ça devient apparemment très problématique. Pourtant, ce n’est pas faute de la part de Renault d’avoir tout fait pour que, malgré des émissions de CO2 un peu élevés, elles soient tout de même contenues.
Avec un malus qui commence à 138 g/km de CO2 dès mars 2020 (norme WLTP), la Renault Mégane RS 4 doit composer avec un malus écologique de 4 543€. Et encore, cela relève d’un miracle. Avec l’application de l’ancienne norme NEDC, 17 490€ devaient être payés lors de l’immatriculation.
Ce malus augmentera, même si un ralentissement sera de mise, finalement. En effet, l’augmentation au palier supérieur, 30 000€ (et non 40 000€) sera effectif en juillet 2021. Son malus a été fortement allégé étant donné que Renault respectait surtout la norme WLTP, celle actuellement en vigueur. D’ici 2023, on dépassera un montant tel que, de toute manière, les ventes ne seront pas aussi élevés que ça.
Les amendes qui tombent, en cas de quota CO2 non respecté
L’abasourdissement est de mise lorsqu’on voit que certains constructeurs achètent ce qu’on appelle des « Crédits CO2 » aux constructeurs bien en dessous de la barre des 95 g/km de CO2. On a notamment eu le cas avec FCA qui achète des crédits CO2 à Tesla (qui, forcément, les respecte) mais aussi, plus récemment, Ford avec Volvo.
Bien que les constructeurs dépensent des sommes élevés pour les acheter, elle reste en deçà de l’amende de l’Union Européenne appliqué dans le cas où, en 2020 par exemple, un constructeur dépasse 95 g/km de CO2 en moyenne.
A chaque gramme supplémentaire, le constructeur doit payer 95€ multiplié par l’ensemble des ventes réalisées en Europe. Par exemple, en 2019, Renault a vendu 1,057,450 véhicules. Si le constructeur n’atteint pas ses objectifs de CO2 fixé par l’Europe, Renault devra payer 100 457 750€ par gramme dépassé. Autant te dire que ça peut aller très vite !
Pas assez d’électriques vendues pour l’instant
Renault arrive tout de même à vendre la Renault Zoé, qui est la seconde voiture la plus vendue en Europe (et la 1ère en France). Cela n’est pas suffisant pour respecter les 95 g/km de CO2 rejetés. Renault serait loin de cet objectif. Et ce même si, en 2020, les constructeurs ont le droit à un sorte de crédit puisqu’une vente de voiture électrique compte pour deux. Ce coefficient sera de 1,50 en 2021, puis 1,33 en 2022 avant de disparaître en 2023.
Ainsi, avec la Renault Mégane RS qui rejette 181 g/km de CO2, Renault aura du mal à respecter ce que l’Union Européenne lui impose. C’est pour ça que PSA prend des décisions radicales, comme arrêter la 308 GTi et ne pas proposer de seconde génération de 208 GTi.
D’ailleurs, Renault ne propose pas de Clio V RS pour ainsi dire. Le modèle aurait dû rester jusqu’en 2026. Suite aux normes imposés d’ici là, Renault aurait perdu tellement d’argent avec les amendes. Elle perd plus d’argent par ce facteur qu’elle en gagne en vendant 1000 Mégane RS 4 par an.
En clair
Ainsi, si la Renault Mégane 4 RS s’arrête, c’est à cause de l’Union Européenne. Qui pourrait au moins instaurer une clause stipulant que si un particulier ne dépasse pas les 10 000 km par an, il n’a pas de malus à payer. On ne conçoit pas une voiture sportive pour l’utiliser au quotidien. Sur la durée de vie du véhicule, elle ne polluera pas plus qu’une 3008 utilisé tous les jours. Surtout quand on sait que la Renault Mégane 4 RS est amené à devenir collector.