Ce jeudi 14 Janvier était un jour tant attendu par toute la clique automobile. En effet, Renault a présenté son plan de « Renaultution », comme l’appelle son nouveau patron depuis juillet dernier, Luca de Meo. Quelles sont les grandes annonces ? Beaucoup de rumeurs ont circulé ces derniers jours, certaines d’entre elles se sont vérifiées. La question, désormais, est de savoir ce qu’il en est de ce plan, qui vise jusqu’à 2025.
Il est prévu 3 phases en ce qui concerne la « Renaulution ». La première phase souhaite se concentrer sur le redressement de la marge ainsi que la génération de liquidités. Elle court jusqu’en 2023. Suivra la seconde phase, la « Rénovation » qui aura comme leit motiv le renouvellement et l’enrichissement des gammes. Ici, l’objectif est de contribuer à la rentabilité des marques. Enfin, la dernière phase « Révolution » démarrera en 2025 et fera basculer le modèle économique du groupe vers la technologie, l’énergie et la mobilité.
24 modèles seront lancés d’ici 2025. La moitié de ces nouveautés seront axés sur les segments C et D. Ici, le groupe souhait augmenter le panier moyen des acheteurs, en vendant des modèles avec une plus forte marge.
Tout n’est pas a jeter, bien évidemment. Luca de Meo souligne que le groupe a des points positifs. Le premier, c’est l’expertise de l’électrique. Effectivement, l’expérience que le groupe Renault possède avec notamment la Zoé (mais pas que) permettra d’élaborer ce plan avec plus d’assise et plus de rapidité. La base CMF-B fera énormément de tournées, puisque toutes les voitures électriques qui seront développés l’utiliseront. Avec quelques exceptions…
L’objectif global est de mettre en avant la rentabilité, et arrêter de surproduire. En clair, il est question de vendre moins, mais plus cher. Pour ce faire, ce plan sera axé autour de 4 marques, dont on va détailler les projets prévus pour chacun d’eux tout de suite.
Renault
La remise en état de Renault se passe tout d’abord par l’électrification, mais également par la rationalisation des gammes. Tout d’abord, comme Luca de Meo l’a annoncé, les modèles peu rentables seront arrêtés. Il a ainsi coupé le développement de 7 modèles, mais 8 nouveaux modèles vont être développés. L’arrêt concerne la gamme Scénic, la Renault Espace et la Talisman, comme annoncé ici par ailleurs. De même, chez Dagia, la Lodgy qui n’a jamais réellement trouvé son public, partira en retraite.
Renault va compter sur la nostalgie, d’une part, et évidemment sur l’électrification. En effet, la marque a pris énormément de retard alors qu’elle avait 8 ans d’avance quand elle avait lancé la Renault Zoé. Cette avance lui permet d’être en tête sur le segment de l’électrique, en France (plus de 37 000 immatriculations) comme en Europe. Même en Allemagne, la Zoé était en tête des ventes d’électriques… Avant l’arrivée de la Volkswagen ID.3.
Le problème effectivement, c’est que ce retard est comblé par la concurrence, Volkswagen en tête. Renault doit donc agir vite, et c’est ce qui est prévu au sein de ce plan. La nostalgie sera donc de mise, avec le retour de la Renault R5, en version électrique. Pourtant démenti au départ, ce retour est donc acté. Elle sera amenée à remplacer la Renault Zoé, puisqu’il s’agira d’une citadine. Luca de Meo refait donc le même coup qu’avec la Fiat 500, soit proposer une base de citadine mais jouer sur le côté néo-rétro pour augmenter le tarif. Personnellement, ce retour m’inspire celui de la Honda-e, qui joue sur la même carte.
Autrement, Renault misera beaucoup sur le segment C, soit celui des compactes. On aura donc, en ce sens, la Renault Mégane en version électrique qui sera une sorte de crossover. Le but, à terme, est que Renault se focalise sur ce segment car plus rentable. Effectivement, Luca de Meo critique le fait que Renault et Dacia partagent un peu trop le segment des citadines, ce qui ne permet pas une marge conséquente à terme.
14 nouveautés sont annoncées, donc la moitié sera électrique. L’objectif est d’atteindre 30% de ventes d’électriques et 35% en hybride rechargeable d’ici 2025.
Dacia

Une nouvelle identité “à la volvo” pour le constructeur, tout comme ce nouveau SUV 7 places qui l’inaugurera
Il s’agit, concernant cette marque, de continuer à miser sur son côté low-cost tout en opérant en une augmentation de la qualité perçue. En ce sens, le logo va changer, pour représenter les lettres « D » et « C » et ce, avec des formes anguleuses. Un concept-car fut présenté avec le nouvel habillage (même si le modèle de série ne proposera probablement pas le logo lumineux, sinon pas d’homologation possible). Le modèle est le Dacia Bigster Concept, à voir si ce sera son nom de série. Il se positionne au-dessus du Duster. Il s’agira d’un SUV de 7 places, remplaçant du Lodgy.
Autrement, deux modèles seront lancés sur le segment B (citadines) et un modèle sur le segment C. Toutes les Dacia seront sur base CMF-B, ce qui lui permettra de bénéficier de la technologie de l’hybride e-Tech.
Alpine

Alpine sera 100% pour continuer d’exister. L’A110 sera maintenu grâce à la mise en place du SUV
Il s’agit là de la transformation la plus intéressante. La communication autour d’Alpine ne sera plus celle d’une marque plongeant sans cesse dans le passé, mais plutôt tourné vers l’avenir. L’on aura donc 3 modèles Alpine. Tout d’abord, l’A100 sera bien renouvelé et sera 100% électrique. Afin qu’elle reste légère, un partenariat est noué avec Lotus. Ce partenariat est officiel. Ainsi, la future A110 sera retravaillé à partir d’une Lotus, marque britannique qui va se lancer sur le 100% électrique et qui mise toujours sur la légèreté. Ce partenariat est donc de bon augure.
Deux autres modèles seront lancés. On le voit sur l’image, chaque modèle correspondrait à un usage particulier. Un modèle « pour moi » devrait correspondre à une citadine. Cela pourrait être une R5 Alpine, afin de miser davantage sur la nostalgie. Un SUV électrique est confirmé, c’est le modèle « pour nous ». Il sera sur base CMF-EV. Enfin, il est prévu une Alpine Mégane en remplacement de la Mégane RS. Ce sera probablement le modèle « pour nous » en question, par ailleurs. De toute manière, ce véhicule est celui qui doit booster les ventes d’Alpine.
Mobilize

La marque des mobilités électriques, Mobilize, prévoit un plan d’une voiture par an
Enfin, la quatrième marque « Mobilize » a pour objectif de « développer de nouvelles sources de bénéfices provenant des services de données, de mobilité et d’énergie au profit des utilisateurs de véhicules, et à générer plus de 20% des revenus du Groupe d’ici 2030 ». Cette marque se basera sur 4 modèles : la Dacia Spring, une remplaçante de la Twizy, un petit utilitaire et, finalement, une berline typée « VTC/Taxi ». L’objectif est de miser sur l’auto partage.
Visiblement, il s’agirait également de proposer une berline donc la cible sera uniquement les chauffeurs de taxis et autres VTC. Effectivement, une berline électrique fait sens pour eux, avec les interdictions à venir, notamment sur Paris. Etant donné que cette marque se base principalement sur le partage, la présentation de Mobilize fut courte. On imagine que la base CMF-EV sera éprouvée.
Conclusion de ce plan
Que penser d’un tel plan de relance ? Clairement, Luca de Meo a eu du travail sur la planche et a mis la priorité sur l’électrique et la rentabilité. Et ce quitte à vendre moins, mais que chaque vente permette d’avoir plus de marge. L’information la plus étonnante est le retour de la Renault R5 en version électrique. On imagine que ce retour s’explique du fait qu’elle servira également pour Alpine. Ceci en plus de miser sur le côté néo-rétro.
Alpine 100% électrique n’est pas étonnant, mais étant donné que, de toute manière, l’Union Européenne condamne les motorisations thermiques, Renault n’avait pas le choix. Précisons cela dit qu’Alpine a une carte à jouer sur le fait de proposer des véhicules électriques qui peuvent donner le plaisir de conduire. Le travail sera intense.
Personnellement, je demande à voir, et j’attends de voir ce que ça donnera sur les premiers résultats. Le plan semble ambitieux, donc je n’ai pas d’inquiétude à ce sujet. Il faudra juste que Renault n’oublie pas que la fiabilité est également importante. J’ai envie de dire que je fais confiance à Luca de Meo. Il a l’expérience et ses précédentes relances se sont soldées par une réussite. La seule chose dont je ne suis pas fan, c’est le nouveau look de Dacia, que je trouve encore plus moche que les productions actuelles de Citroën, c’est dire. Mais je ne doute pas que le succès sera présent. Seul bémol : Il manque des berlines dans le lot. Une sorte de Laguna 3 chez Dacia aurait été une bonne chose, par exemple. De même qu’une berline électrique chez Renault, même si cela semble prévu implicitement par le biais de Mobilize.