Quelle est la définition actuelle des SUV selon les constructeurs ? Visiblement, il s’agit de toute véhicule haut sur pattes, avec des supports de fixation de sièges plus hauts. Le terme est tellement devenu commun qu’il a été détourné de son étymologie de base, pour des questions de marketing.
Cette frénésie est aussi insensée que de donner à un enfant les commandes d’un camion directement, car il joue beaucoup à Truck Simulator. De base, le SUV est un véhicule qui possède des qualités pouvant lier à la fois l’utilitarisme et le comportement sportif, dans le sens baroudeur du terme. Le vrai franchiseur. La particule « sport » tient son origine des Etats Unis, où les sports d’armes à feu étaient – et sont – extrêmement courants.
Le SUV tel qu’il a été crée initialement n’a jamais été conçu pour être rigide ou bien gérer; dérivé de véhicules militaires, il était destiné à transporter des armes à des fins récréatives dans des environnements hors route après la Seconde Guerre mondiale. En tant que concept, il s’est rapidement développé avec un grand compartiment de chargement, une bonne transmission intégrale et un hayon divisé ou à charnière inférieure. En effet, il était très important d’être assis avec une hauteur plus conséquente. Si la personne était assis au ras du sol, il pouvait être immédiatement attaqué par un animal féroce tel qu’un ours.
D’une manière ou d’une autre, les fabricants européens ont oublié (ou ignoré) cela. Ils ont décidé que le côté «sport» signifiait qu’ils devaient fabriquer ce qui était essentiellement des voitures à hayon, tellement massives que leur attraction gravitationnelle permettait le franchissement des trottoirs. Pour ce faire, ils ont monté une suspension vaste et lourde sur un châssis vaste et lourd avec une hauteur de caisse réduite pour une utilisation sur route. Le tout pour s’assurer que, d’un seul coup, les lettres S et U n’avaient plus la place dans l’acronyme d’origine.
Les premiers modèles de ce genre sont allemands
Le BMW X5 a fait beaucoup de bruit lors de sa sortie en 2001. Non pas parce qu’il avait un bon comportement routier, mais parce qu’il avait usurpé la dénomination du terme « SUV » pour proposer un véhicule gros, haut sur pattes. Ce modèle était conçu pour proposer au client une voiture qui en « impose ». On est dans la lignée des années 80 où certains clients achetaient des Land Rover pour paraître plus important que les autres conducteurs. Sauf que Land Rover proposait de vraies SUV, seulement ce sont certains clients qui ont détourné l’utilisation en ce sens.
Au final, on avait un véhicule qui n’était ni sportif et qui, même dans ses version //M, n’appliquait pas la même définition de la sportivité. On ne pouvait pas trop parler de véhicule utilitaire car, de part le positionnement haut de gamme voulu par BMW, on avait du cuir, de l’électronique et de la moquette. Soit comme dans toute berline, somme toute classique.
On était clairement sur une approche marketing. En Europe, nous n’avons pas tous d’armes à feu et, dans l’ensemble, nous ne faisons pas beaucoup d’off-road, contrairement aux Américains dont les routes s’y prêtent par moment. Ainsi, théoriquement, ce type de véhicule haut-sur-pattes n’avait pas d’intérêt en Europe. C’est alors que de plus en plus, des modèles de ce genre se sont développées.
Dès qu’une marque proposait un SUV, le succès était présent. On se rappelle notamment de la Porsche Cayenne, gros succès même si certains n’ont pas apprécié que Porsche se lance là-dedans. Mais, et la marque l’avait martelé à plusieurs reprises, c’était soit ça, soit la gamme entière disparaissait. On peut aussi citer en exemple Nissan qui a lancé deux catégories grand public à succès : Le Qashqai en 2007 et le Juke en 2010. Les deux SUV (respectivement familial et urbain) ont eu énormément de succès mais très vite, les concurrents ont réagi. Désormais, c’est une pléiade de SUV présents chez chaque constructeur.
La marche avant était enclenchée
Par la suite, aucun retour en arrière s’est opéré. On est même arrivé à un point où les constructeurs ne prennent plus la peine d’augmenter la hauteur de caisse des châssis des nouveaux modèles avant de les transformer en SUV. Il suffit de regarder les dernières productions en termes de SUV. Tu pourras constater qu’ils ont moins de garde au sol.
C’est comme s’ils n’essayaient même plus. Bien sûr, certains soi-disant SUV vont dans le sens inverse, en proposant une garde au sol tellement exagéré qu’ils pensent même à mettre des marches pieds pour grimper dans la cabine. A l’instar d’un camion. Quelques modèles me viennent en tête, comme notamment le Mercedes GLE qui use de cette pratique.
L’exercice de fabrication d’un SUV de nos jours s’est quelque peu dégradé. On est maintenant dans une logique où il faut prendre une berline classique, lever son toit et parfois le châssis, et voilà, on a un SUV. Il n’y a rien de mal à cela… Si ce n’est le gaspillage inutile de ressources, le poids inutile, l’augmentation des prix d’achat, les propriétés de manutention intrinsèquement pires et la difficulté à nettoyer.
Si les acheteurs souhaitent avoir une assise plus élevé et voir plus loin, qu’on les laisse faire. Sauf que… Désormais, la moitié du monde conduit ce genre d’engin, rendant leur vue lointaine aussi mauvaise qu’avant. Qui plus est, ils n’arrivent tout de même pas à traverser les crues d’eau aussi bien que leurs voisins en vielle Peugeot 205.
Quelles sont le vrais SUV existants sur le marché ?
C’est effectivement la question que l’on peut se poser. Si presque tous les SUV actuelles présents sur le marché ne le sont que de nom, alors quelles sont les modèles qui ne souillent pas le terme de « SUV » ? Si l’on me demande, le Range Rover de base est ce qu’on peut considérer de vrai SUV, à quelques dégrées près. Tout comme le Jeep Wrangler.
Les SUV type Bentley Bentayga et Rolls Royce Cullinan ne peuvent pas être apparentés à de vraies SUV car de part leur appartenance au segment de luxe, personne de sensé voudrait les utiliser pour des activités de plein air, de chasse, ou que sais-je encore qui pourrait abîmer l’intérieur de la voiture. Plus généralement, on peut dire de même concernant les offres japonaises et allemandes. Quant aux françaises, on est vraiment sur de la citadine surélevée par moment, ou un sorte d’utilitaire bonifiée (Peugeot 3008) mais assez cubique au final. Mais tant que ça plait aux familles et aux cadres…
Si l’on s’en tient à la définition européenne, où un SUV doit aspirer à être sportif et spacieux, alors les breaks s’apparente à cette alternative. On a là une voiture spacieuse, avec une garde au sol basse et une meilleure pénétration dans l’air. On a surtout un coffre à la hauteur, et un moteur qui n’a pas à rougir. Je pense notamment à l’Audi RS6 ou encore la BMW M5 Touring. On a clairement le véhicule utilitaire sportif conforme aux spécifications des routes européennes. Il se peut d’ailleurs qu’à terme, les « shooting brake » (ou break de chasse) remplace la mode des SUV.